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carnaval sauvage

by nicolas jules

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1.
queues de comètes et voie lactée arrières arrières arrières en milliards multipliés petits enfants du big bang nous voilà chantant dans toutes les langues nos amours limitées nos présents rabougris nos futurs en têtes d’épingles dans une meule de foin galactique les plus vaniteux s’écharpent se trahissent ou amassent des fortunes avec l’idée idiote de gagner du temps certains vérifient qu’il est plus facile de croire en dieu que d’imaginer une question sans réponse certains espèrent que la magie n’est pas qu’un savoir faire l’envie de vivre est à la portée d’un microbe certains tournent autour d’une idée fixe comme des astres autour d’un soleil certains font le vide autour d’eux d’autres remplissent les trous certains ont la preuve de quelque-chose documents à l’appui d’autres ont la preuve que cette même preuve n’en est pas une documents à l’appui à trop penser ceux qui s’engluent dans la raison dans la logique dans la maison toujours trop petite d’un cerveau humain ouvrir les fenêtres ne sera jamais assez dynamiter non plus penser dépenser se penser se dépenser certains ont deux trous derrière la tête une prise débranchée des sourires d’incompréhension certains pensent que le jeu est joué qu’ils parlent à l’écho qu’ils s’observent dans le bleu d’une bougie qui meurt les souvenirs entre les bras et le vent dans les poings tous ces élans pour sauter d’un néant à l’autre on tire un feu d’artifice on attire l’attention des couleurs inouïes des couleurs partout des fleurs des couleurs des têtes d’oiseaux des couleurs des culs de singes des couleurs tes yeux une dernière fusée et la nuit se fait nous regardons tomber les cendres quand nous n’avons plus la force de relever la tête nous regardons les étoiles dans le lac
2.
orties 03:01
beauté cruelle qui me mangeait la langue qui promettait des carrousels et m'asseyait sur des mustangs poser le doigt sur des plans de papier sans regarder et marcher droit user la memoire par les pieds où je vis un coup de foudre tu ne vis que de l'orage plus je te jetais d'oiseaux plus tu me jetais de cages j'ai tout un jardin d'amour depuis que tu es partie qui commence bouquet de roses qui finit carré d'orties ville inconnue les arrêts du tramway ont tous des noms de chiens perdus et la pluie tombe sur les quais où je vis un coup de foudre tu ne vis que de l'orage plus je te jetais d'oiseaux plus tu me jetais de cages j'ai tout un jardin d'amour depuis que tu es partie qui commence bouquet de roses qui finit carré d'orties
3.
mon bengale 02:39
les tigres s’endorment dans la jungle de tes cheveux dans le chloroforme tigres vous dormez je le veux au volant de ton lit dans l’espace tu dors et moi je suis assis à la place du mort toi dans tes étoiles moi dans mes indes mentales ma jungle mon bengale tigres vous dormez pendant que les singes et les oiseaux farouches viennent embrasser le fleuve rouge de ta bouche au volant de ton lit dans l’espace tu dors et moi je suis assis à la place du mort toi dans tes étoiles moi dans mes indes mentales mon fleuve mon bengale
4.
timide 02:35
c’est le soir et le long de l’eau mes pensées vont à la dérive / en mordant l’horizon le soleil saigne des gencives / je me souviens / avec un brin de mélancolie / quand tu disais mords-moi les seins / c’était joli / c’est le soir / sur le quai les goélands ont des rires à la con / quant à moi je me tais / ridicule la situation / je me souviens / avec un brin de mélancolie / quand tu disais insulte moi j’étais poli / c’est le soir / c’est la nuit / le soleil a coulé au fond de l’eau / mon crâne est un étui et mes pensées sont des couteaux / je me souviens / avec un brun tu es partie / tu disais fais pas ton timide et je le fis
5.
je l’ai fait exprès mon jardin secret au milieu du jardin public / je l’ai fait caché pour que sans savoir tu viennes t’asseoir au milieu de mes pensées / y’a des jardiniers professionnels et y’a bibi / j’ai pas la main verte mais j’ai le rêve assez fleuri / je l’ai fait exprès mon jardin secret au milieu du jardin public / je l’ai fait caché pour que sans savoir tu viennes t’asseoir au milieu de mes pensées / y’a des gars qui bossent à bien aligner les tulipes / moi je bosse au désordre / nous formons une belle équipe
6.
bicyclette 03:03
tu es entrée chez moi sans t’en apercevoir car je n’ai pas de murs un oiseau me parlait ou bien c’était tes yeux je ne sais rien de sûr je ne sais rien de sûr tu voulais m’embrasser moi je n’y pensais pas car je n’ai pas de tête je voulais t’embrasser toi tu n’y pensais plus tu étais la fusée et moi la bicyclette
7.
ornithologie 02:14
j’entrais en toi comme le jour dans la chambre tu fermais les yeux tu ouvrais les bras j’entrais en toi j’étais le nouveau membre le roi mais tu t’envolais à ja- mais tu t’envolais à ja- mais alors changer d’hôtel changer de paysage des livres d’ornithologie pour changer les idées je tourne les pages je tourne les pages tous les oiseaux ont ton visage j’entrais un peu mais toi tu entrais tout par la porte ou- verte de mes pensées ne reste plus qu’un alzheimer pour t’ou- blier ouais tu t’envolais à ja- mais tu t’envolais à ja- mais alors changer d’hôtel changer de paysage des livres d’ornithologie pour changer les idées je tourne les pages je tourne les pages tous les oiseaux ont ton visage
8.
astéroïde 02:32
ouvre à la douleur qui frappe à ta porte et abandonne lui ta maison on ne s’envole pas dans le ciel enca- dré d’une eau-forte et dehors y’a les saisons dehors les saisons va voir ailleurs si tu y es va voir ailleurs tu y seras fais briller ce ciel trop vide tes yeux sont le tréma du mot astéroïde viens sécher tes pleurs au vent de la plaine ou viens les mêler avec la pluie les reproductions aux murs du salon c’est plus la peine et dehors y’a l’infini dehors l’infini va voir ailleurs si tu y es va voir ailleurs tu y seras fais briller ce ciel trop vide tes yeux sont le tréma du mot astéroïde
9.
elle se promène à nouveau ma mémoire sur le lino du vieil hôtel de valence et je te revois plongeant dans l'eau de la baignoire quand je plongeais dans le silence au pied du lit se posaient trente trois oiseaux muets les oiseaux bleus de ta robe tout autour de ta parole mes yeux qui suivaient le vol de tes longs doigts agités mes yeux qui remontaient les fins ruisseaux de tes poignets jusqu'à ta source cachée au pied du lit se posaient trente trois oiseaux muets les oiseaux bleus de ta robe j’étais sourd j’étais muet ta beauté m’éblouissait et tu me parlais en vain qui sait ce que tu disais ? est-ce que notre amour partait avec l'eau sale du bain ? au pied du lit se posaient trente trois oiseaux muets les oiseaux bleus de ta robe elle se promène à nouveau ma mémoire sur le lino du vieil hôtel de valence
10.
ses doigts qui s’impatientent sur la table et sa tête sur un nuage en écharpe sa tête aux pensées considérables et sa parole de carpe elle est en deux morceaux elle attend quelqu’un qui ne vient pas comme son coeur comme ce sucre aussi qui disparaît au fond de sa tasse de thé la joie ne la remplit qu’à demi le chagrin qu’à moitié elle est en deux morceaux elle attend quelqu’un qui ne vient pas
11.
ta réalité s'efface avec le jour à quel bras s'accrocher quand le sol se dérobe ? ta réalité s'efface avec le jour plus transparente que ta robe dans le n'importe quoi j'avance n'importe où l'infini n'empêche pas d'avoir le coeur serré ? dans le n'importe quoi j'avance n'importe où l'amour ça n'est pas un métier pas dans la dentelle pas dans la couture toi tu faisais dans l’opinel je fais dans le point de suture un soleil d'opérette des anges de carton ta promesse d'orphéon c'est de l'aluminium un soleil d'opérette des anges de carton et moi je suis la reine des pommes pas dans la dentelle pas dans la couture toi tu faisais dans l'opinel je fais dans le point de suture
12.
les étoiles dans le lac l’été sous l’anorak le galant aux airs de mufle le poisson-chat le crapaud-buffle le sourire sur ton visage le carnaval sauvage

credits

released December 5, 2022

paroles, musiques, réalisation, enregistrement, mixage : nicolas jules

nicolas jules : voix, guitare, basse
roland bourbon : batterie, percussions
frédéric jouhannet : violons

mastering : mathieu pion
peintures : danielle, mère du chanteur
graphisme : audrey lehembre
label ursule 2022

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"une forme de poésie et d’engagement comme nous n’en rencontrons presque plus aujourd’hui"
cyco lys / FROGGY'S DELIGHT

« loin des réseaux saturés et des propos consensuels »
julie de benoist / FRANCOFANS

"sans rupture, l’évolution de Nicolas Jules va toujours vers plus de singularité. Année après année, album après album, il prouve qu’il est bien plus qu’un trésor caché"
marc mineur/ ESPRITS CRITIQUES

"écouter Nicolas Jules s’apparente presque en effet à la découverte d’un nouveau continent"
patrick dallongeville / PARIS MOVE

"renversant, bouleversant (...) shoote dans les certitudes pour ne surtout pas en proposer de nouvelles"
mélanie plumail / LE DOIGT DANS L'OEIL

"il oppose à la cadence endiablée de nos vies un langage organique, chantant doucement les angles vitriol d’un Carnaval Sauvage."
stéphane perreaux / LUST FOR LIFE

"unique"
didier pezant / LACN

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